LIBAN : LA RUSSIE APPELLE LE HEZBOLLAH À DÉPOSER LES ARMES

La Russie surprend en appelant le Hezbollah à devenir une force politique, marquant un tournant stratégique au Moyen-Orient.

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L’ambassadeur russe à Beyrouth, Alexandre Roudakov, a récemment déclaré que le Hezbollah devrait se transformer « d’un mouvement à caractère militaire en une force purement politique ». Cette prise de position inattendue interroge sur les nouvelles orientations diplomatiques de Moscou au Moyen-Orient.

Un tournant stratégique pour Moscou

Longtemps alliée de l’axe iranien, notamment via son soutien à Bachar el-Assad en Syrie, la Russie semble revoir ses priorités. Depuis la chute d’Assad en décembre 2024, le Hezbollah a perdu en influence, et Moscou cherche à s’adapter à un monde multipolaire.

« Après avoir longtemps soutenu Bachar el-Assad, les Russes ont fini par comprendre qu’il n’était plus une carte gagnante. Ils l’ont donc lâché », explique un diplomate libanais en poste à Moscou.

Yeghia Tashjian, coordinateur à l’Institut Issam Farès, confirme : « Depuis la chute d’Assad, la Russie a adopté une politique étrangère plus flexible ».

Une diplomatie équilibrée au Liban

La Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, continue de soutenir le mandat de la FINUL au Liban. Elle cherche à ménager les États-Unis et Israël tout en gardant une influence régionale.

« La question essentielle aujourd’hui au Liban réside dans la manière de mettre en œuvre la décision gouvernementale sur le désarmement, à l’heure où les attaques israéliennes se poursuivent », a précisé l’ambassadeur Roudakov.

Il a également insisté sur le respect de la résolution 1701 par toutes les parties, y compris Israël, et sur une transformation « progressive » du Hezbollah, en contraste avec les exigences de désarmement immédiat formulées par Washington et Tel-Aviv.

Le Hezbollah reste inflexible

Malgré cette ouverture diplomatique, le Hezbollah rejette les suggestions russes. Une source proche du parti affirme que ces propos relèvent d’un « point de vue strictement personnel » et que « le Hezbollah a sa propre vision des choses ».

Le président libanais Joseph Aoun semble pourtant en phase avec l’approche russe, privilégiant le dialogue. Mais le gouvernement hésite à capitaliser sur ce soutien : le ministre des Affaires étrangères Joe Raggi a décliné une invitation à Moscou, tout en promettant d’y répondre « au bon moment ».