Dans le cadre de la Tournée Entrepreneuriat Quartiers 2030, Kader Konaté, jeune entrepreneur ivoirien, a marqué les esprits lors de la deuxième étape à Nantes. Propulsé par le réseau d’accompagnement Singa, il a fondé il y a deux ans Badeya, un restaurant associatif et solidaire situé dans le quartier de la Maison-Rouge. Lauréat régional du concours Talents des Cités en 2024, il était présent pour rencontrer des financeurs et mobiliser les ressources nécessaires à l’ouverture d’un nouveau local. Son parcours, fait de résilience et de détermination, incarne la force de l’engagement citoyen et l’impact de l’entrepreneuriat social.
Arrivé en France à l’âge de 15 ans, Kader a connu les difficultés de l’intégration, les barrières culturelles et les obstacles professionnels. C’est grâce à des structures locales comme Singa Nantes et la coopérative L’Ouvre-Boîte qu’il découvre le concours Talents des Cités et qu’il commence à structurer son projet. Accompagné, formé pendant six mois en gestion et comptabilité, il transforme une idée en entreprise. En 2022, il crée officiellement Badeya, qui signifie « amour fraternel », et lance son activité quelques mois plus tard. À 23 ans, il devient un acteur de terrain, porteur d’un projet à la fois humain, social et créateur d’emplois.
Badeya n’est pas un restaurant comme les autres. C’est un lieu de vie, d’accueil et de solidarité. Kader y favorise la mixité culturelle, l’inclusion sociale et l’entraide économique. Le restaurant attire des habitants de tous les quartiers, mais aussi des personnes sans solution d’hébergement. Malgré les difficultés, les escroqueries et les charges croissantes, il parvient à équilibrer son modèle entre restauration sur place et livraison de repas à des associations et entreprises. Après un an et demi d’activité, il réussit à se verser un salaire, preuve que son projet tient la route.
Mais au-delà de la réussite personnelle, Kader assume une mission plus large : celle d’être un exemple pour les jeunes des quartiers. À travers des stages de découverte, il a déjà permis à une vingtaine de jeunes de s’insérer professionnellement et formé cinq apprentis. Il organise des événements inclusifs comme des tournois de football mixtes, des battles de danse, des ateliers de cuisine ou des vide-dressings. Pour lui, il est essentiel d’aller vers ces jeunes souvent marginalisés, de leur tendre la main et de leur montrer qu’ils ont leur place. Il connaît leurs réalités, ayant lui-même vécu dans les quartiers de Bellevue et de Malakoff. Il insiste : « Ils se sentent rejetés dès le départ. Il faut aller vers eux. »
Aujourd’hui, Kader Konaté cherche à franchir une nouvelle étape. Le bail de son local actuel n’ayant pas été renouvelé, il doit trouver les fonds pour s’installer dans le centre-ville de Nantes. Il reste confiant, fort de l’expérience acquise et du soutien de ses partenaires. Singa Nantes et L’Ouvre-Boîte continuent de l’accompagner, notamment sur les aspects techniques comme la comptabilité ou le business plan. Il a appris à déléguer, à structurer son équipe, à anticiper les erreurs. Il affirme : « Je connais toutes les erreurs qu’on a pu faire. Aujourd’hui, on est solide. »
Son message est clair, direct, et porteur d’espoir : « Il faut aller au front, ne pas écouter les préjugés. Même les plus grands entrepreneurs reconnaissent que ça a été difficile au début. Si tu as une idée, ne la laisse pas mourir. Tu ne regretteras pas d’avoir essayé. » À travers Badeya, Kader Konaté ne se contente pas de servir des plats. Il nourrit des ambitions, des vocations et des rêves. Il incarne une nouvelle génération d’entrepreneurs engagés, prêts à transformer les quartiers par l’action, la solidarité et la foi en l’avenir.