Crise politique à Madagascar : Rajoelina mise sur un général pour calmer la contestation
Pour tenter d’apaiser une colère populaire grandissante, le président malgache Andry Rajoelina a nommé, le 6 octobre 2025, le général Ruphin Fortunat Dimbisoa Zafisambo au poste de Premier ministre. Un choix à la fois stratégique et symbolique, alors que la rue continue de gronder contre les pénuries, la pauvreté et la gouvernance du chef de l’État.
Crise Politique à Madagascar : Le Président Rajoelina Nomme un Général Premier Ministre pour Tenter d’Éteindre la Contestation
Face à une crise sociale et politique qui dure depuis douze jours, le président malgache Andry Rajoelina a tenté, lundi 6 octobre 2025, une manœuvre d’apaisement en nommant un nouveau chef de gouvernement. Le choix s’est porté sur un militaire, le général de l’armée de terre Ruphin Fortunat Dimbisoa Zafisambo, un homme largement méconnu du grand public.
Cette nomination intervient une semaine après que le président a limogé son gouvernement dans l’espoir de calmer la colère qui secoue cette île particulièrement pauvre de l’océan Indien. M. Rajoelina a décrit son nouveau Premier ministre — un ancien manager de la Fédération malgache de basket et directeur de cabinet de son prédécesseur — comme un homme « intègre, travaillant rapidement, ayant de l’ouverture et de l’écoute. »
La Rue Ne Désarme Pas
Malgré cette tentative de décrispation au sommet de l’État, la contestation de rue ne faiblit pas. Lundi, la police anti-émeute a encore dispersé plus d’un millier de manifestants à Antananarivo, la capitale, à coups de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogènes. Un jeune homme d’une vingtaine d’années a été blessé par un projectile tiré par les forces de l’ordre.
Le mouvement, entamé le 25 septembre en réaction à des coupures répétées d’eau et d’électricité (jusqu’à 120 heures par semaine selon un manifestant), s’est rapidement transformé en une remise en cause du pouvoir et du Président Andry Rajoelina lui-même. Des rassemblements ont également été signalés dans la ville de Toliara, dans le sud.
Ultimatum de la Gen Z et Bilan Contesté
Le collectif à l’origine de l’étincelle, baptisé « Gen Z » (Génération Z), a monté le ton en fixant, lundi soir, un ultimatum de 48 heures au président pour qu’il réponde à leurs revendications, sous peine de prendre « toutes les mesures nécessaires ». Les manifestants accusent le pouvoir de ne pas écouter « la colère des gens d’en bas » et d’agir avec brutalité.
Un des meneurs a fait référence au bilan de la semaine précédente, rapporté par l’ONU, qui faisait état d’au moins 22 morts et d’une centaine de blessés, un bilan que les autorités malgaches ont démenti.
De son côté, le président Rajoelina a assuré avoir « tiré une grande leçon » de la crise et promis de « mieux se focaliser sur les problèmes de la population. » Toutefois, les manifestants, comme Tommy Fanomezantsoa, un magasinier au chômage, exigent qu’il « descende sur le terrain » plutôt que d’écouter des gens dans son bureau.
En conclusion de son allocution, le Président a appelé à l’unité, désignant comme « ennemi » commun « la pauvreté, la corruption, l’abus de pouvoir » — des récriminations ironiquement similaires à celles exprimées dans la rue. Le Conseil chrétien des Églises de Madagascar (FFKM) a, quant à lui, proposé d’assurer une médiation entre le pouvoir et les contestataires.
