MADAGASCAR : LE COLONEL RANDRIANIRINA NIE AVOIR FAIT UN COUP D’ÉTAT, RAJOELINA CONFIRME SA FUITE
À Madagascar, le colonel Michaël Randrianirina affirme ne pas avoir pris le pouvoir par la force, malgré la fuite du président Andry Rajoelina et le soutien de l’armée aux manifestants.
Le pouvoir transféré, pas pris
À la veille de son investiture, le colonel Michaël Randrianirina a nié avoir mené un coup d’État. Selon lui, le pouvoir lui a été transféré légalement par la plus haute juridiction du pays. Il doit prêter serment comme « président de la refondation de la République de Madagascar ».
« On m’a donné le pouvoir, on m’a transféré le pouvoir, c’est différent. » — Michaël Randrianirina
Dans les rues d’Antananarivo, la vie a repris son cours après des semaines de manifestations. L’armée est restée discrète, et les barrages ont disparu.
Condamnations internationales
Malgré les déclarations du colonel, l’ONU a condamné un « changement inconstitutionnel de gouvernement » et appelle au rétablissement de l’ordre légal. L’Union africaine, qui a suspendu Madagascar, prévoit d’envoyer une délégation pour initier un dialogue civil. La France a également insisté sur le respect de la démocratie et des libertés fondamentales.
Randrianirina a précisé qu’il ne dissoudrait plus les institutions, comme annoncé précédemment, et a exprimé des doutes sur la tenue d’élections dans les 60 jours imposés par la Haute cour constitutionnelle. Il évoque un délai de 18 à 24 mois.
Une transition civile ?
Le colonel insiste : Madagascar n’a pas choisi un régime militaire. Le gouvernement sera civil, avec un conseil présidentiel mixte. Il souhaite inclure des membres du collectif Gen Z, à l’origine des manifestations du 25 septembre.
« Madagascar n’a pas choisi un régime militaire. Le gouvernement appartient aux civils. » — Michaël Randrianirina
L’Assemblée nationale, seule institution conservée, a élu Siteny Randrianasoloniaiko, ancien chef de l’opposition, comme nouveau président.
La fuite de Rajoelina
L’entourage d’Andry Rajoelina a confirmé qu’il avait quitté le pays entre le 11 et le 12 octobre, invoquant des menaces graves contre sa vie. Il s’était réfugié dans un « lieu sûr », après une exfiltration présumée par un avion militaire français.
Rajoelina était arrivé au pouvoir en 2009 dans des circonstances similaires. Réélu en 2018 et 2023, ses mandats ont été contestés. Les manifestations récentes ont fait au moins 22 morts et une centaine de blessés selon l’ONU.
Un pays en crise
Madagascar reste l’un des pays les plus pauvres du monde. Plus de 80 % de sa population vit avec moins de 2,80 euros par jour, selon la Banque mondiale. Le pays connaît une longue histoire de soulèvements populaires suivis de transitions militaires.
