ABISSA 2025 : QUAND LES ACCOUTREMENTS DEVIENNENT UNE ARME DE SATIRE ET DE LIBERTÉ À GRAND-BASSAM
À Grand-Bassam, l’Abissa 2025 a célébré la liberté, la satire et la cohésion sociale dans une ambiance haute en couleur. Entre costumes symboliques, chants critiques et rites de purification, le peuple N’zima a une fois encore fait vibrer la ville au rythme d’une tradition vivante et libératrice.
Une fête entre tradition, satire et liberté
Depuis le 5 octobre, l’Abissa 2025 anime Grand-Bassam autour du thème : « Une danse de paix, de conjuration des calamités et de renforcement de la cohésion sociale ».
La fête a atteint son apogée le samedi 18 octobre, lors d’une journée marquée par la ferveur populaire, la danse et la communion entre Sa Majesté Awoulaé Paul-Désiré Amon Tanoh, Roi des N’zima Kôtôkô, et son peuple.
Entre 15 heures et tard dans la nuit, le quartier France a vibré au rythme des tambours, des chants de critique sociale et des danses rituelles, dans une atmosphère où se mêlaient symbolisme, satire et liberté d’expression.
Quand les tenues deviennent messages
À l’Abissa, le costume est plus qu’un ornement : c’est un outil de satire, de contestation et de réflexion sociale.
Chaque vêtement, chaque accessoire est porteur de sens.
« L’Abissa, c’est aussi un théâtre où chacun joue son rôle pour faire réfléchir », confie Émilienne Aké, drapée d’une large veste beige sur un pantalon traditionnel, le visage peint de rouge, de noir et de jaune or.
Non loin d’elle, deux jeunes hommes, Ehui et Ahui, habillés en femmes, perruques blondes et lunettes teintées, attirent les regards.
« On inverse les codes pour rappeler que l’Abissa, c’est la vérité sans filtre », lance Ahui.
Cette inversion joyeuse et provocatrice illustre l’esprit de dérision propre au peuple N’zima : à travers la caricature, la communauté s’autorise à dire ce que la société tait.
« L’humour et la liberté tiennent le premier rôle », résume un festivalier amusé.
Le retour des rites et de la purification
Ce dimanche 19 octobre, la célébration se poursuit avec les rites du Ewoudolè et du Bouakèzo, moments de purification et de renouveau spirituel.
Dès deux heures du matin, le peuple N’zima fera ses adieux à Afantchè, la divinité du pardon, avant le bain rituel du Roi à 8 heures et la cérémonie des vœux à 16 heures.
Ces moments marquent la fin d’un cycle et le début d’un autre, scellant la paix, la réconciliation et la cohésion retrouvée au sein de la communauté.
Une tradition vivante et symbolique
Plus qu’un simple festival, l’Abissa demeure un espace d’expression sociale, politique et spirituelle.
Chaque année, elle rappelle que la culture N’zima est un creuset de dialogue et de liberté, où l’art, la satire et la spiritualité s’entrelacent pour questionner la société et renouveler les liens communautaires.
