CÔTE D’IVOIRE : LAURENT GBAGBO DÉNONCE UN « COUP D’ÉTAT CIVIL » À LA VEILLE DE LA PRÉSIDENTIELLE
À trois jours de la présidentielle ivoirienne, Laurent Gbagbo dénonce un “coup d’État civil” orchestré selon lui par le pouvoir en place. L’ancien président affirme qu’il ne soutiendra aucun candidat et annonce son retrait progressif de la vie politique.
Laurent Gbagbo sort du silence avant la présidentielle
À trois jours du scrutin présidentiel prévu le 25 octobre, Laurent Gbagbo s’est exprimé dans un entretien exclusif accordé à AFO Media. L’ancien chef d’État ivoirien a dénoncé le processus électoral en cours, qu’il qualifie de “coup d’État civil”, estimant que les autorités ont verrouillé le jeu politique pour assurer la victoire du président sortant, Alassane Ouattara.
“Ce qui va se faire le 25 octobre, ce n’est pas une élection, c’est un coup d’État civil, un braquage électoral”, a-t-il déclaré.
“Je n’appelle à voter pour aucun candidat”
Laurent Gbagbo, 80 ans, affirme qu’il ne donnera aucune consigne de vote et ne soutiendra aucun des candidats en lice.
“Il faut que les Ivoiriens comprennent que Gbagbo Laurent n’appelle à voter pour aucun des candidats. On ne soutient personne, et on ne soutient même pas la dynamique électorale”, a-t-il précisé.
Tout en assurant soutenir moralement les manifestants opposés au quatrième mandat d’Alassane Ouattara, il affirme ne pas être à l’origine des mobilisations.
“Moi je ne leur demande pas de descendre dans la rue. Ceux qui sont dans la rue, je les soutiens. Je suis avec eux.”
Une candidature écartée
L’ancien président revient longuement sur l’invalidation de sa candidature, qu’il juge politique. Radié de la liste électorale, il accuse les autorités d’avoir volontairement écarté les figures susceptibles de contester le pouvoir.
“Ceux qui pouvaient gagner cette élection ont été écartés”, déplore-t-il.
Gbagbo conteste également la condamnation liée à l’affaire du braquage de la BCEAO, évoquée pour justifier son inéligibilité.
“La BCEAO n’a jamais porté plainte, elle n’a jamais dit qu’elle avait été braquée. C’est faux”, a-t-il insisté.
Un retrait annoncé de la vie politique active
Laurent Gbagbo confirme par ailleurs sa volonté de se retirer progressivement des fonctions politiques, tout en restant une voix influente au sein du PPA-CI (Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire).
“Je m’interdirai d’occuper des fonctions politiques, à l’intérieur de mon parti comme dans l’État. J’ai assez donné”, a-t-il déclaré.
Il a annoncé qu’il ne sera plus candidat à la direction du parti après le prochain congrès :
“Après le congrès, je ne serai plus candidat à la direction du parti. Je vais prendre un peu de temps pour moi et ma famille.”
“Nous sommes un bloc” : un message régional
Abordant la situation régionale, Gbagbo a regretté la crise qui fragilise la CEDEAO et prône un rapprochement avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
“La Côte d’Ivoire ne peut pas vivre sans être en bonne relation avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Nous sommes un bloc”, a-t-il affirmé.
Selon lui, la Côte d’Ivoire supporte à tort les tensions d’intérêts étrangers.
> “C’est le combat de pays étrangers que la Côte d’Ivoire prend sur son dos.”
“Il n’y a pas de retraite en politique”
Malgré son âge avancé, l’ancien président nuance son retrait :
“Il n’y a pas de retraite en politique. Mais à un moment, il faut s’arrêter.”
Acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) en 2021, Laurent Gbagbo reste aujourd’hui une figure centrale de la vie politique ivoirienne, même en marge des institutions.
