LE NIGERIA IMPOSE UNE TAXE DE 15 % SUR LES IMPORTATIONS DE CARBURANT POUR SOUTENIR SES RAFFINERIES
Le Nigeria instaure une taxe de 15 % sur l’essence et le diesel importés afin de stimuler la production locale et réduire sa dépendance aux importations.
Une réforme stratégique pour l’industrie pétrolière nigériane
Le président Bola Tinubu a validé une réforme majeure du secteur pétrolier nigérian : une taxe d’importation de 15 % sur l’essence et le diesel. Cette mesure, officialisée par une directive présidentielle datée du 21 octobre 2025 et rendue publique le 29 octobre, vise à protéger les raffineries locales et à stabiliser le marché pétrolier en aval.
Le Service fédéral des impôts (FIRS) et l’Autorité nigériane de régulation du secteur pétrolier (NMDPRA) ont reçu l’ordre d’appliquer immédiatement ce nouveau tarif.
Objectifs : protection, investissement et souveraineté énergétique
Selon les autorités, cette taxe a pour but de :
- Protéger les consommateurs et producteurs nationaux contre les pratiques tarifaires abusives
- Encourager les investissements dans le raffinage local
- Réduire la dépendance du pays aux carburants importés
Les projections officielles estiment que cette taxe pourrait faire grimper le prix de l’essence d’environ 99,72 nairas par litre, portant le prix moyen à la pompe à Lagos à 964,72 nairas (0,62 dollar). Ce tarif reste inférieur aux moyennes régionales : 1,76 dollar au Sénégal, 1,52 dollar en Côte d’Ivoire et 1,37 dollar au Ghana.
« Ce dispositif vise à protéger les consommateurs et les producteurs nationaux contre les pratiques tarifaires abusives. »
Vers une relance des capacités de raffinage
Le Nigeria importe encore près de 67 % de sa consommation nationale de carburant. Pour inverser cette tendance, le gouvernement mise sur le développement des infrastructures locales :
- La raffinerie Dangote, avec une capacité de 650 000 barils par jour, a déjà lancé la production de diesel et de carburant d’aviation.
- Plusieurs raffineries modulaires dans les États d’Edo, Rivers et Imo commencent à produire de l’essence.
Parallèlement, la NNPC, compagnie pétrolière publique, cherche des partenaires financiers et techniques pour relancer les trois raffineries publiques à l’arrêt : Port Harcourt, Warri et Kaduna, qui totalisent une capacité de 445 000 barils par jour.
Une réforme aux enjeux économiques et sociaux
Cette décision s’inscrit dans une stratégie plus large de diversification des revenus non pétroliers et de souveraineté énergétique. Elle pourrait également avoir un impact sur le coût de la vie, la compétitivité industrielle et la stabilité sociale, dans un pays où le prix du carburant est un sujet hautement sensible.
