TENSIONS DANS LE CIEL IVOIRIEN : ABIDJAN BLOQUE LES VOLS D’AIR FRANCE ET CORSAIR

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Abidjan suspend les vols d’hiver d’Air France et Corsair

La Côte d’Ivoire durcit le ton face aux compagnies françaises. Alors qu’Air Côte d’Ivoire a inauguré sa première liaison long-courrier entre Abidjan et Paris le 15 octobre, Air France et Corsair refusent toujours de céder des créneaux équitables. En réponse, la Direction de l’Aviation Civile ivoirienne n’a pas validé leurs programmes de vol pour la saison hivernale.

Un monopole hérité de l’histoire coloniale

Depuis 1940, Air France domine la liaison Paris–Abidjan, rejointe en 2013 par Corsair. Ensemble, elles contrôlent près de 75 % du marché long-courrier, laissant les compagnies africaines à la marge. Laurent Loukou, directeur général d’Air Côte d’Ivoire, rappelle que sur 16 millions de passagers reliant l’Afrique de l’Ouest au monde, seuls 1 % utilisent des compagnies locales.

« Si on met deux avions pour la France, on en met deux pour la Côte d’Ivoire », insiste le général Abdoulaye Coulibaly, président du conseil d’administration d’Air Côte d’Ivoire.

Air Côte d’Ivoire revendique sa place

Créée en 2012, la compagnie nationale n’a pu ouvrir la ligne Abidjan–Paris qu’en 2025, freinée par les réticences des transporteurs européens. Avec l’arrivée d’un Airbus A330 Neo et un second prévu en novembre, elle entend rééquilibrer le marché et capter une part légitime du trafic.

Des négociations tendues

Malgré les demandes ivoiriennes, Air France et Corsair n’ont pas réduit leur fréquence — deux vols quotidiens pour Air France, un pour Corsair. Abidjan exige désormais une réciprocité stricte. Air Côte d’Ivoire a obtenu son autorisation dès le 6 octobre, tandis que les compagnies françaises restent en attente.

« Il s’agit de réparer une injustice vieille de plusieurs décennies », affirme une source proche du dossier.

Dans un contexte où le trafic aérien africain pourrait doubler d’ici 2043, passant de 160 à 345 millions de passagers selon l’IATA, la Côte d’Ivoire veut s’assurer que sa compagnie nationale bénéficie pleinement de cette croissance.